Les longs couloirs blanc du bâtiment principal du CID étaient toujours actif. Souvent des personnes les traversaient pour aller de bureau en bureau, faire la navette avec les zones de stockage et pour rentrer et sortir de l’ensemble. Malgré cette constante activité, on ne trouvait jamais ce qu’on voulait au bon endroit. C’était l’état dans lequel était un Ifrajn furieux, accompagné par sa femme Perankj et le capitaine Algrim. Depuis des millénaires il vivait selon ses règles, avec aucun obstacle à ses commandements comme tout était automatisé, mais ici, tout marchait différemment, formulaire sur formulaire, personne absente sur bureau caché, ils devaient déjà avoir fait plusieurs fois le tour du bâtiment pour leur cause. De plus, elle était simple, valider l’utilisation de leur vaisseau dans les missions au lieu d’utiliser des vaisseaux du CID. Beaucoup de manœuvres étaient nécessaires pour l’opération, comme il fallait faire en sorte que le vaisseau soit aux normes du CID, évidemment différentes de celles d’Aardespel.
“J’en ai marre ! On ne peut pas nous laisser utiliser tranquillement notre vaisseau ? Non, il faut faire quinze fois le tour de bâtiment pour des vérifications inutiles. J’en ai vraiment marre !
– C’est bon, on a le droit à la même chanson depuis une heure. Tu sais que tu n’as pas de nerfs ?” lui rétorqua sa femme.
– On s’est donc ligué pour m’énerver ? Quelle joie !
– Même chez nous tu détestait l’administration, c’est normal que tu haïsse cet état des choses !
– Ah oui ? Vous détestiez l’administration chef ? J’ai été secrétaire avant d’être capitaine.
– C’était censé me remonter le moral ?
– J’entends des mots qui me sont étrangers, les nouveaux, là !”
Un homme s’approchait, parlant la langue commune du CID, langue nommée Anglais. On dit que c’était la langue internationale dans la planète d’origine des fondateurs de la structure. L’homme avait un teint brun et des yeux comme les cheveux noirs de jais. Il avait des yeux plus long que larges et une face ronde dont on voyait quelques premiers replis dus à l’âge. Pelrankj se défendit en un anglais approximatif :
“On a bien entre nous le droit de communiquer en notre langue !
– Mais oui, mais oui, je ne faisais que de vous taquiner là ! Mais quel est le problème ?
– Notre commandant est en train fe perdre la tête dans cet enfer administratif qu’il y a ici.” répondit Pelrankj
– Ah oui, c’est n’importe quoi, là ! Mais sinon, comment ça se passe vos premiers jours dans le CID, là ?
– Ça change, il faut dire qu’on a pendant longtemps fait la même chose, un mode de vie nomade, à piller les planètes lorsqu’on en avait besoin.
– Ah oui, les pirates de l’espace là ! C’est comme ça qu’on vous a retrouvé, on entendait souvent parler de ces personnes un peu partout dans les univers, là. J’aimerais connaître une de vos missions dans votre vaisseau, s’il vous plaît.
– Heum, chéri, tu penses à une de nos missions ? J’en vois aucune à raconter.
– Moi non plus.” renchérit Algrim
– Vous m’énervez, on ne peut pas me laisser tranquille ? Il y avait une fois, sur l’une de ces énièmes planète Gaïa. Il y en a tellement à travers le multivers !
– Ah, vous parlez de la Terre là, monsieur Ifrajn ? Je viens d’une de ces Terre, c’est vrai qu’on en rencontre souvent là !
– Si tel est le nom que vous donnez à cette planète, oui. Bref, on avait l’habitude de rentrer dans des conflits déjà existant lors de nos missions, mais là c’en était un gros avec une civilisation déjà bien avancée.
– Ah, je vois de laquelle tu parle ! Celle où on a pris les mines de cette Jupiter ? C’était drôle.
– Oui, en effet, mais prendre Jupiter n’était pas amusant.
– Oh… Quel éternel rabat-joie ! J’espère que entre tous ces univers il n’y a pas quelqu’un d’autre tout juste comme toi, les pauvres !”
Tout d’un coup, le sourire du Terrien s’effaça, et regarda les environs d’un regard inquiet. Algrim lui demanda ce qu’il se passait, mais il répondit, avec un bien plus fort accent qu’auparavant et en recouvrant son sourire :
“Non, non là ! Il ne se passe rien ! J’ai juste cru voir un Xénomorphe là ! Alors j’étais inquiet, je me demandais pourquoi il y en aurait un hors des laboratoires là ! C’est rien, c’est rien là !”
Déjà son accent reprennait une tournure normale, comme sa panique se diluait. Il faisait signe à ses interlocuteurs de continuer alors qu’il affichait un éternel grand sourire et qu’il hochait la tête.
“Bon, bref, cette fois-ci Gaïa était en pleine guerre civile pluriplanétaire.” reprit Ifrajn “Je ne sais pas exactement ce qu’il se passait alors, mais on s’est allié à des personnes basées sur Gaïa et on les a aidé dans leur cause. Contre des ressources, évidemment. C’était la première fois qu’on s’interposait dans la politique, et ça faisait un changement de se coordonner avec d’autres équipes.
– Leurs vaisseaux étaient arriérés, on allait trois fois plus vite qu’eux !” dit Algrim
– Ils étaient moins avancés que nous, c’est pas de leur faute !
– Ils utilisaient des IA, pourtant.
– Signe qu’ils étaient arriérés. Ils n’ont pas encore eu de guerre des Bots !
– Si tu le dis.
– T’es pas croyable, Algrim.
– Mais oui, oui, je m’en souviens là !” s’interposa le Terrien “Un ami de John m’avait parlé de ça ! Je ne sais pas s’il l’a vu mais apparemment ils étaient à Xi’an lorsque des pirates spaciaux futuristes avaient aidé les forces de nos ennemis. À cette époque j’étais à Guangzhou en train de faire ouvrir les écluses pour inonder une base ennemie, là.
– Oui, je me souviens avoir entendu parler d’une base militaire alors alliée qui avait été inondée.” se rappela Pelrankj “C’était donc Guangzhou la ville. Et vous qui l’aviez fait. Je vous assure que c’était une alliance opportuniste plutôt qu’une idéologique.
– Mais ne vous inquiétez pas, là !” reprit le Terrien “C’était il y a longtemps ! Et de toute façon je vous comprends, car faire ça est totalement logique là !
– D’ailleurs, par John vous souhaitez dire qui ?” demanda subitement Ifrajn
– Ben John Arwigan là ! Oh ! Je ne me suis pas présenté, c’est vrai. Je suis désolé, vous ne pouviez pas savoir là ! Bref, je m’appelle Tcheng Leiksoü, écrit Zoeng Likseoi, l’assistant personnel de John Arwigan. C’est pour ça que j’ai été étonné que vous ne sachiez pas de qui je parlais là, normalement on sait sans même se poser la question là.
– Oh, je comprends.
– D’ailleurs, j’ai appris que vous vous droguiez afin de devenir si vieux sans le paraître.
– Non, c’est de la Klemfarnankt, une lotion permettant de dupliquer les cellules plus rapidement.
– Mais oui, en effet, un type de drogue. Mais je croyais que ça avait un autre nom, là ?
– Ananécrophine ?” intercala Algrim
– Je crois que c’est ça, là. Bref, je présume que vous avez des choses à faire, moi aussi j’en ai. Donc je vous dis au revoir, là !
– Attendez !” l’interpella Ifrajn “Savez-vous où obtenir le formulaire de contrôle des composants ?
– Pour valider votre vaisseau ? Vous en avez pas besoin, le dernier ordre sur la standardisation des vaisseaux requiert non pas ce formulaire mais le formulaire pour contrôle technique D60, que vous trouvez normalement bureau 512, mais Monsier Lurai n’est pas là alors plutôt bureau 401, avec la coordinatrice technique Madame Rey là.
– Merci beaucoup, vous expliquez mieux que certains de vos collègues !
– C’est surtout que je m’y connais mieux, là. Au revoir !”
Likseoi partit en matchant rapidement, faisant demi-tour. Encore une fois, leur destination avait changé, dans cette horreur qu’était administration en période vacancières. Mais Ifrajn était plus relaxé, parler lui avait fait du bien. Désormais, il reprenait une certaine bonne humeur et dirigea sa troupe vers le quatrième étage.
—–
“Ne laissez personne venir ici, et surtout pas Arwigan, là. Je suis le seul autorisé à rentrer ici, sauf vous évidemment, alors je ne veux que personne ne découvre quoi que ce soit là. Le dossier De Edhelsar est beaucoup trop tangible pour que quiconque le découvre.”